Une technicienne de laboratoire qui soutient les efforts contre les MTN au Benin
SOKPON talking with the president of the parents' association of Gbanou primary school before starting the test operations. October 2020, Adja Ouèrè. Photo credit: Act/West, FHI 360
Sokpon en train de dialoguer avec le président de l’association des parents d’élèves de l’école primaire de Gbanou avant de démarrer les opération de test. Octobre 2020, Adja Ouèrè. Crédit photo : Act / West, FHI 360

Contribué par Christian Somakpo, Act | West Program Officer au Bénin; édité par Zubin Hill, Communications Specialist

Xavière Sokpon, âgée de 39 ans, travaille tant que technicienne de laboratoire au Benin. Elle fait partie de ces amazones des temps modernes qui ne reculent devant aucun obstacle pour s’acquitter de leur devoir qui est celui d’accompagner le personnel médical à répondre efficacement aux demandes de soins des patients en détresse.

« Ce fut une aubaine pour moi, car de nature très extravertie et portée vers la rencontre de l’autre, j’affectionne beaucoup les activités en plein air, » declare Sokpon. « [C]ette mission m’offrait l’opportunité de mettre le nez hors des quatre murs de mon laboratoire pour m’épanouir en grand groupe et surtout qu’il s’agit de travailler au milieu des enfants dont j’apprécie tant la compagnie. »

Xaviere SOKPON, 39, who has been a NTD-related Laboratory Technician for ten years. Photo credit: Act/West, FHI 360.
Mme Xavière Sokpon, 39ans, Technicienne de Laboratoire engagée depuis plus de dix ans dans la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées. Crédit photo : Act / West, FHI 360.

Née à Aklanpka dans la commune de Glazoué au sein d’une fratrie de quatre enfants dont elle est l’ainée, Sokpon est issue d’une famille modeste. Son père travaille tant que professeur des collèges et, très tôt, lui a inculqué le gout des études et l’amour du travail bien fait. Fidèle à sa passion pour les sciences, elle fit son entrée à l’École Polytechnique d’Abomey Calavi (EPAC) d’où elle sort diplômée d’une licence professionnelle en Analyses Biomédicales en 2010. Afin de prêter main forte à ses parents dans la prise en charge de ses frères et sœurs, elle a très vite commencé à travailler.

En février 2012, elle rejoint le centre de santé de Glazoué (centre Bénin) et c’est là que démarre son excitant voyage aux côtés du PNLMT pour la réalisation des enquêtes d’évaluation de la transmission des Maladies Tropicales Négligées. C’est ainsi que depuis plus de 10 ans Xavière met tout son savoir-faire au service de la lutte contre les maladies tropicales lors de toute enquête nécessitant la présence sur le terrain des techniciens de laboratoires telles que les enquêtes de cartographie FL, de TAS, d’impact Schisto-Géo. Passionnée par ce métier qui se situe au carrefour des sciences exactes et médicales, elle ne manque aucun rendez-vous et répond toujours à l’appel du PNLMT.

Le dicton qui dit que c’est à l’œuvre qu’on reconnait l’artisan s’est pleinement vérifié dans le cas de Xavière dont la bravoure, le dynamisme et le professionnalisme ont très vite fait écho au-delà du cercle fermé de son équipe de travail.

Concernant son travaille au champs, Xavière a plein d’anecdotes à raconter.

« Lors de ces missions sur le terrain, nous sommes amenés à faire face à des situations inattendues pouvant mettre nos nerfs à rude épreuve nécessitant de recourir à notre capacité d’adaptation, » confie-t-elle.

Par exemple, elle raconte une petite histoire de Transmission Assessment Survey 2 (TAS2) contre la filariose lymphatique qui s’est passé dans une école de la commune d’Adja Ouèrè en octobre 2020.

« Respectant notre procédure habituelle d’introduction dans une localité, nous avons rencontré les forces de sécurité publique, les autorités administratives locales dont le chef du village en compagnie de quelques sages et leaders communautaires, etc. Ils étaient bien informés de notre venue et nous leur avons une fois encore expliqué la raison de notre présence, » dit Sokpon.

« Toutes les conditions étaient donc remplies pour une très bonne journée de travail, » continue-t-elle. « Accompagnée du président de l’association, notre équipe était dans une école en train de faire les test FTS aux enfants quand tout à coup, surgi de nulle part et tout furieux, un parent fit irruption dans la cour de l’école … et nous accusant d’être de connivence avec les sorciers pour les aider à procurer du sang pour la divinité appelée ‘Kinninsi’ ».

SOKPON carrying out the FTS test on a child during the TAS 2/ LF that took place in the midst of the Covid-19 health crisis. October 2020, Adja Ouèrè. Photo credit: Act/West, FHI 360
Sokpon en train de réaliser le test FTS chez un enfant lors du TAS 2/ FL qui s’est déroulée en pleine crise sanitaire à Covid 19. Octobre 2020, Adja Ouèrè. Crédit photo : Act / West, FHI 360

Pour minimiser les évènements semblables à celui rencontré par Sokpon et son équipe, la sensibilisation et l’engagement avec les membres de communauté font partie de procédures requis par USAID et qui doivent être mis en place avant de commencer une activité de sante au sein du communauté. Cet engagement avec la communauté peut inclure une rencontre avec les autorités locales, comme la rencontre décris par Sokpon, la distribution de médias visuels qui servent à rappeler à la communauté qu’une activité de sante est en cours ; le travail de sensibilisation par les crieurs publics ; et les messages à la radio ou à la télévision qui sensibilisent la publique et l'aident à savoir quelle maladie est visé et des détails logistiques.

Ce genre d’activités pour sensibiliser et engager avec la communauté est organisé pour encourager la participation de la communauté dans les activités de sante. Même si les façons de communiquer avec la communauté locale change selon la méthode vue comme la plus efficace pour viser une population spécifique, les agents de sante comme Sokpon font des gros efforts pour informer les membres de la communauté de tous les évènements ou les activités de santés en cours dans leur communauté.

« [N]ous avons fait appel à la police qui s’est aussitôt déplacée sur les lieux en compagnie du chef village et quelques parents d’élèves des environs, » dit Sokpon. « L’individu a été maitrisé et nous avons pu engager la conversation avec lui. Il s’est excusé pour son comportement mais a maintenu son opposition. Nous l’avons donc invité à rester pour voir comment se déroule l’activité et se rendre compte par lui-même que aucun prélèvement de sang ne se faisait pour être gardé de coté en vue d’être offert à une quelconque supposée divinité. »

Cette stratégie était tellement efficace que l’homme, après avoir passé un moment en regardant attentivement la TAS2, a demandé à l’équipe de faire le prélèvement de sang sur son fils.

« C’est alors qu’il a fallu lui expliquer à présent que son fils n’était pas dans la tranche d’âge concerné [pour la TAS2], » dit Sokpon. « Il nous expliqua qu’il connait des enfants non scolarisés dans cette tranche d’âge qui sont dans le village et qu’il ira les amener. Nous l’avons remercié et expliqué que notre enquête se déroule uniquement dans les écoles et qu’il y a d’autres enquêtes qui visent la communauté. Nous nous sommes séparés avec sourire et plaisanteries, convaincus que la lutte contre la filariose lymphatique venait de gagner un fervent défenseur ».

Même si son travail au cœur des communautés très éloignés n’est pas facile, Sokpon est toujours fière de son métier. Elle est un exemple type de l’habile ouvrière qui travaille dans l’ombre sans attirer l’attention. Elle fait partie du nombre des acteurs dévoués du niveau périphérique sans lesquels les objectifs d’élimination que s’est fixé le Programme National de Lutte contre les Maladies Transmissibles au Benin ne seront jamais atteints.